NAUS (Joseph)

NAUS, Joseph (Geldern, Prusse, 30 mars 1849 - Bruxelles, 16 juillet 1920), fonctionnaire, Ministre d’État aux finances de la Perse.

Joseph Naus est né en Prusse rhénane mais est néerlandophone d'origine limbourgeoise et catholique. Ses parents, Henri Naus (Roermond, 20 juin 1799 – Gavere, 27 mai 1858) et Julia van Daell (Roermond, 17 février 1809 – Oudenaarde, 17 décembre 1894) étaient Belges. Henri Naus était receveur des contributions. Le fils de Joseph Naus, également nommé Henri Naus (1875-1938) s’est distingué en Egypte où il a joué un rôle proéminent dans l’agro-industrie entre 1902 et 1938. Un certain cosmopolitisme n’était pas étranger  à la famille. Des ancêtres des Naus avaient déjà séjourné en Indonésie, en Ethiopie et en Algérie.

Joseph Naus entre à l'Administration des douanes et accises le 18 août 1869. Il commence sa carrière au Limbourg, à Hasselt et Neerpelt et passe vérificateur des douanes 4ème classe à Anvers en 1873. Il est ensuite promu sous-directeur à l'Administration centrale à Bruxelles en 1890. « En récompense du zèle, de l'intelligence et du dévouement dont il a fait preuve à l'occasion de la recherche des fraudes d'alcool effectuée par le bureau de Welkenraedt et de l'instruction de cette affaire », il se voit octroyer le titre de Chevalier de l'Ordre de Léopold.[1]

En janvier 1898, Joseph Naus est désigné pour une mission en Perse où il arrive le 15 mars de la même année. Il fait ainsi partie du fer de lance de la mission belge en Perse.[2] C’est en effet en compagnie de trois autres belges (Ch. Engels, Jérôme Priem et Theunis) que Joseph Naus part pour la province d’Azerbaïdjan désignée comme zone d’essai pour réformer les finances, dont les douanes étaient la source de revenus principale. La corruption, la pratique du fermage, l’immixtion politique y entravaient gravement leur fonctionnement. Dans certaines régions, la douane était inexistante ou les revenus étaient immédiatement transférés en Russie. L’intervention de la mission, qui remplace le système traditionnel du fermage par une régie, est un grand succès. À partir de 1901, de nombreux fonctionnaires belges supplémentaires sont appelés à diriger non seulement les postes de douanes dans les autres provinces de l’empire, mais aussi les services postaux, la monnaie, le contrôle des passeports et les travaux publics. La position de pouvoir que réussit à acquérir, grâce à ce succès, le chef de cette mission Joseph Naus, propulse celui-ci à la tête des douanes et de la trésorerie impériales et fait de lui le ministre des finances de fait de la Perse. Quand il s’en prend aux privilèges des gouverneurs provinciaux, en les priant de verser les contributions de leur province à la trésorerie nationale, ces derniers se révoltent mais les pressions exercées par le shah Mozaffar ed-Din, éternellement en manque de liquidités, et surtout par les Britanniques et Russes qui voient dans le bon fonctionnement des douanes la garantie de remboursement de leurs prêts, ont raison de la fronde des gouverneurs. En 1902, Joseph Naus prend sur lui la direction générale des postes.  La mise à ferme des 100 bureaux de poste existants est interrompue par 20 douaniers belges dépêchés pour réformer la poste. Un système de mandats postaux et un service d’échanges avec les Indes et la Russie sont établis. Le nombre de bureaux de poste est multiplié. En février 1904, Camille Molitor (voir notice) remplace Joseph Naus à la tête des services postaux.

Mais Joseph Naus fera les frais de la révolution constitutionnelle de 1906 qui unit intellectuels et religieux contre l’influence étrangère et donne lieu à des débordements xénophobes. Joseph Naus se voit contraint de démissionner le 13 mai 1907, ayant perdu le soutien du nouveau shah Mohammad Ali ainsi que du parlement persan. Il se fait remplacer par le plus diplomatique Joseph Mornard.[3] On a reproché à Joseph Naus de s’être trop mêlé à la politique. L’iranologue Annette Destrée estimait que le maintien de la plus stricte neutralité était la condition absolue pour mener à bien sa mission en Perse. Joseph Naus prend sa retraite le 10 juillet 1908. Il se retire dans un château au Limbourg et propose ses services en tant que conseiller en affaires persanes au gouvernement russe. Il fait des affaires avec l’Egypte, où se trouve son fils qu’il réussit à soutenir avantageusement. Pendant l’occupation allemande, Joseph Naus est banni de Belgique à cause de ces ferventes opinions anti-allemandes. Après la Première Guerre, il est à noter que Joseph Naus est le troisième actionnaire du Crédit hypothécaire agricole et urbain d’Egypte. Il connut également deux banqueroutes avant de décéder en 1920.

 

Eric Laureys
28 août 2013
Eric.LAUREYS@stis.belspo.be

 

Sources inédites

Papiers Marc Molitor, Molitor (L.), L'œuvre des fonctionnaires belges en Perse - D'après les souvenirs de quelques-uns d'entre eux. (Marc Molitor, fils d'André Molitor et petit-fils de Lambert Molitor est journaliste à la RTBF).

Archives du Service public fédéral des Affaires étrangères, Dossier ‘Belges en Perse’ 10640 - Fonctionnaires belges - Leur situation.

Archives du Service public fédéral des Affaires étrangères, Dossier ‘Fonctionnaires belges en Perse’ 2981 IV-VVII n° 1370 M. Naus et M. Priem.

Archives Générales du Royaume, Douane et accises, 6B 62.292-294, Boîte 511 Naus, Joseph-Henri-Louis-Mathieu-Hubert Ministère des finances, Administration des contributions directes, douanes et accises, Feuille de signalement, Direction d'Anvers Brabant.

Sources publiées

Millspaugh (A.C.), The American Task in Persia, New York/London, The Century Company, 1925.

Arbre généalogique de Jan Naus (https://www.fam-naus.net/G1/index.html#[JUMP]1398).

 

Travaux scientifiques

Destrée (A.),  Les fonctionnaires belges au service de la Perse 1898-1915, Téhéran-Liège, Acta Iranica, Troisième série, Vol. 6, Bibliothèque Pahlavi, 1976.

Keddie (N.), Roots of Revolution - An Interpretive History of Modern Iran. New Haven & London, Yale University Press, 1981.

Kupferschmidt (U.M.), Henri Naus Bey : Retrieving the Biography of a Belgian Industrialist in Egypt, Bruxelles, Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer, 1999, p. 153.

Laureys (E.), Belgen in Perzië 1915-1941, verwezenlijkingen, verhoudingen en attitudes, Louvain, Inforient-Peeters Publishers, 1996.

 


[1] Archives Générales du Royaume, Douane et accises, 6B 62.292-294, Boîte 511, Joseph Naus.

[2] Voir la notice ‘Georges de Raymond’.

[3] Voir la notice ‘Joseph Mornard’.

 

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Tomaison: 

Biographical Dictionary of Overseas Belgians